En janvier 2025, j’ai repris la route de l’Inde pour poursuivre un travail de photographie documentaire sur les stations balnéaires du pays. Après avoir exploré la côte Est et les plages du Tamil Nadu, mon itinéraire m’a cette fois mené vers la côte Ouest, suivant un axe allant de Kochi à Murdeshwar et incluant les rivages de Kozhikode, Mangalore, Udupi et Cherai.

Si les plages indiennes sont souvent associées aux destinations touristiques internationales, celles que j’ai photographiées restent avant tout des lieux de vie fréquentés par la classe moyenne locale. À Kozhikode, le front de mer s’anime au rythme des habitants, révélant des scènes du quotidien vibrantes, capturées à travers une approche mêlant street photography et observation documentaire. Ailleurs, l’affluence se concentre surtout le week-end, lorsque familles, pèlerins et groupes d’amis investissent le littoral.

Pendant quatre semaines, j’ai arpenté ces plages, privilégiant les fins d’après-midi et les débuts de soirée, lorsque la lumière sculpte les silhouettes et que l’atmosphère se charge d’une énergie particulière. Mais photographier sur la côte Ouest implique un défi technique : le contre-jour constant, qui oblige à repenser son approche visuelle et à jouer avec les contrastes.

Par rapport aux plages du Tamil Nadu, j’ai perçu une ambiance plus calme, moins marquée par l’effervescence. Moins de vendeurs ambulants, peu d’attractions ou de distractions en bord de mer, à l’exception de Kozhikode. Cette quiétude m’a poussé à ajuster ma manière de photographier. Habitué à capter la densité et le mouvement à travers des compositions dynamiques, j’ai dû repenser ma narration visuelle : plus de plans larges, des cadrages minimalistes, une observation prolongée du sujet. Moins de scènes spontanées, plus de portraits posés, où l’échange avec les personnes photographiées s’inscrit pleinement dans ma démarche documentaire.

Ce travail m’a ainsi offert une nouvelle approche des plages indiennes. Ce qui semblait au départ être une contrainte – une moindre densité d’événements visuels – s’est révélé être une opportunité pour explorer une photographie plus contemplative. Ces images viendront enrichir mon projet en apportant une nuance nouvelle, où le calme et la douceur des instants vécus racontent une autre facette du littoral indien. Avec le recul, elles permettront peut-être une lecture différente de la plage contemporaine, entre immersion et distance, entre mouvement et silence.

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